"Barrez-vous !", "Stop aux supercheries !" - tels ont été les slogans brandis hier soir devant l’Assemblée nationale où des Bulgares mécontents des amendements au Code électoral se sont donnés rendez-vous pour exprimer leur ras-le-bol des politiques. Les manifestants sont en colère contre les barrières dressées devant le vote à l’étranger, l’interdiction d’organiser le même jour une élection régulière et un référendum, ils désapprouvent aussi la procédure bâclée du vote électronique, tout comme la sanction qu’encourent ceux qui se soustraient au vote devenu obligatoire depuis la semaine dernière. En clair, si vous n’allez pas voter, vous êtes automatiquement radié des listes électorales avec une interdiction de se présenter aux urnes à l’occasion de deux votes consécutifs du même type /présidentielle, législatives, européennes…/. Une réinscription sur les listes électorales n’est possible qu’après une demande expresse déposée auprès des collectivités territoriales. Sur une des banderoles des manifestants on pouvait lire « Citoyens contre la mafia ». Dessilava Christova du Comité d’initiative « Vote sans frontières » a bien voulu nous expliquer les raisons de sa colère :

“Je manifeste parce que je suis contre la fermeture des bureaux de vote à l’étranger, situés en dehors des missions diplomatiques de la Bulgarie. C’est une véritable sanction pour les Bulgares qui vivent en Europe occidentale, aux USA, en Australie, où les distances sont énormes. Moi personnellement, je suis contre le vote obligatoire, qui relève du choix personnel. Pour ce qui est de la radiation des listes électorales, elle affectera et les Bulgares de l’étranger, et les jeunes qui votent pour la première fois. Si vous privez les jeunes du droit de vote deux fois de suite, la troisième fois ils ne se donneront plus la peine de se présenter aux urnes. Je ne pense pas que le vote obligatoire soit en mesure de régler les problèmes de notre système électoral. Le Code électoral était plutôt bien conçu jusqu’à présent. Ces dernières années, des changements positifs ont été apportés au fonctionnement des bureaux de vote à l’étranger. Le vote électronique doit être mis en place progressivement. »

Armé d’un haut-parleur, Kiril Tchoukanov du mouvement « Pression citoyenne » n’a pas caché son indignation :

„Nous sommes ici pour manifester contre les modifications que je qualifierais de perverses du Code électoral. Nous vivons dans une réalité scandaleuse. Le pays des décisions absurdes…Rien à voir avec l’Etat démocratique européen. Une anti-utopie, qui fait que quelqu’un décide sans trop réfléchir que les Bulgares de l’étranger n’auront pas le droit de voter. Quant au vote obligatoire, il relève du régime autoritaire. Ils pensent nous faire taire, mais ils ont tout faux ! » 

Les Bulgares de l’étranger ont eux aussi manifesté pour exprimer leur mécontentement des amendements au Code électoral qu’ils trouvent injustes et trop contraignants.

Version française : Sonia Vasséva

Crédit photos : Louisa Lazarova