La Bulgarie n’est pas un des pays auxquels penserait en premier un amateur de bière. Par rapport à des pays comme l’Allemagne dont les premières brasseries datent du XIème siècle et la Belgique avec une tradition dans ce domaine longue de 1000 ans, sans oublier les Pays-Bas et la République tchèque, les traces d’une production industrielle de bière en Bulgarie sont bien plus récentes.

C’est aux alentours de la Libération de la Bulgarie de l’occupation turque en 1878 qu’apparaît chez nous la première brasserie, avec un maître brasseur tchèque. Elle se trouvait à Roussé et portait le nom de la Sainte Petka. En 1882 cette brasserie fusionne avec l’entreprise fondée par l’Autrichien Josef Habermann. Les premiers essais individuels de faire de la bière « maison », eux, datent de l’occupation turque et un des pionniers en est le révolutionnaire hongrois Lajos Kossuth.

Bien que fortement restreinte à cause de l’accès plus difficile à certaines matières premières, la tradition de la brasserie « maison » est préservée. Depuis le début du 21^ème siècle, et surtout ces 15 dernières années, elle connaît même un épanouissement. La demande croissante de bières qui s’écartent du style lager standard oblige les gros joueurs du marché de la bière chez nous à se mettre à proposer, petit à petit, des styles comme l’ale, la pale ale, l’indian pale ale, la stout, la porter, etc. Leur apparition a motivé les magasins et les débits de boissons à proposer une vaste gamme de produits à base de houblon à emporter ou consommer sur place. Certains de ces endroits deviennent des espaces accueillants pour des réunions d’amateurs de cette boisson mousseuse et quelques-uns parmi eux fondent même leur « Société des collectionneurs d’articles liés à la bière en Bulgarie ». Ses membres sont des gens pour qui prendre une bière n’est pas juste un prétexte pour se rencontrer, mais aussi l’occasion d’apprendre de nouvelles choses sur leur boisson favorite. En témoignent des collections précieuses d’étiquettes, de sous-verres, de verres, de souvenirs publicitaires, etc. Un de ces collectionneurs est l’instituteur Ognian Asparouhov qui collectionne des sous-verres du monde entier.

« Je suis incapable de dire quel est le premier sous-verre que j’ai gardé. Je me souviens que c’était en 2007 ou 2008. A l’étranger il est habituel de mettre des sous-verres et des articles publicitaires dans les établissements et de pouvoir les emporter, alors j’ai commencé à les collectionner. Si j’en sors un de ma collection aujourd’hui, je me rappellerai immédiatement d’où il vient », raconte M. Asparouhov à la RNB.

Ce sont les sous-verres bulgares qui sont les plus difficiles à collectionner. La raison en est que le vin et la rakia (marc de raisin, de prune ou d’un autre fruit) sont bien plus appréciés dans les années où le brassage de bière démarre en Bulgarie.

Un autre membre de cette société est Lyoubomir Anguélov. Lui, ce sont les étiquettes de bières qu’il collectionne. Il en a déjà plus de 3500.

« Cela s’est fait par hasard en 1994. J’avais mis quelques bouteilles au frais dans une bassine. Leurs étiquettes se sont décollées et j’ai décidé de me mettre à les collectionner. Ce qui m’intéresse le plus dans une étiquette est la conception graphique qui la différencie des autres. Mes préférées sont celles que j’associe à un souvenir précieux », dit-il.

Version française : Christo Popov