Depuis des années les employeurs en Bulgarie subissent une pénurie de main-d’œuvre, qualifiée ou pas. Selon la Confédération bulgare de l’emploi on ne trouve des candidats satisfaisants que pour 30% des postes à pourvoir. La confédération explique cela par le vieillissement de la population, la jeune génération qui n’est pas prête ou ne veut pas travailler et la migration de la population active vers des pays européens plus riches offrant de meilleures conditions de travail et des salaires plus élevés. Le déséquilibre entre la demande et l’offre de main-d’œuvre en Bulgarie s’est installé de façon durable, commentent les experts.

La seule façon, pour l’instant insuffisamment appliquée, d’insuffler des forces vives à l’économie bulgare est d’attirer des travailleurs étrangers. En 2023 plus de 23 000 ressortissants de pays hors UE ont obtenu des permis de travail en Bulgarie. Une de nos grandes centrales syndicales, la Confédération des syndicats indépendants en Bulgarie (CSIB, collecte des données et élabore une étude de la migration du travail et son rôle sur notre marché du travail. Le rapport de la CSIB indique une vaste diversité de nationalités dans cette nouvelle main-d’œuvre.

« L’an dernier ont été délivrés des permis de travail à de nombreuses personnes d’Ukraine, Ouzbékistan, Kirghizstan et Turquie, des pays relativement proches de la Bulgarie. Il y a également beaucoup de nouveaux employés venant de pays plus lointains, comme le Brésil, les États-Unis, le Népal, Taïwan, etc. », dit sur Radio Bulgarie Atanaska Todorova, experte syndicale dans le secteur « Marché du travail, mobilité et migration du travail ».

« Les secteurs avec le plus de travailleurs étrangers sont en premier lieu le BTP, suivi par l’industrie de traitement et la couture industrielle. Les employés longue durée en Bulgarie venant de l’étranger ont augmenté de 66% en un an », note-t-elle en ajoutant :

Pendant l’année écoulée près de 40% des titulaires d’un permis de séjour et de travail ont quitté la Bulgarie au cours des 6 premiers mois pour aller dans d’autres pays européens. Le problème avec la pénurie de main-d’œuvre et l’embauche de travailleurs de pays hors UE est dû au fait que les employeurs n’arrivent pas à retenir ces travailleurs en Bulgarie. Il faut bien réfléchir à ce que peut proposer l’employeur, surtout aux travailleurs saisonniers, parce que leurs rémunérations sont les plus basses, ce qui vaut aussi pour les travailleurs bulgares. Dans le tourisme, par exemple, on paie à peine plus que le SMIC. Dans le bâtiment les revenus sont plus intéressants, mais dans de mauvaises conditions de travail. Donc, en dépit du grand nombre de permis de séjour délivrés à des ressortissants étrangers en 2023, le grand défi réside toujours dans les niveaux de rémunération et comment faire pour retenir ces travailleurs chez nous. Rappelons qu’un des buts des migrants économiques est de pouvoir subvenir aux besoins de leur famille restée au pays natal, ce qui est d’ailleurs aussi le cas des Bulgares travaillant à l’étranger, conclut Atanaska Todorova.

Crédits photos: freepik.com, BTA, archives, get-workers.eu

Version française : Christo Popov