Artiste et philosophe à la fois, Roumen Statkov est un créateur qui aime autant raconter des histoires en couleurs qu’écouter celles qui se dessinent en mélodies. Il a récemment inauguré sa dernière exposition, intitulée "Danse", à la galerie"Nirvana" de Sofia. "Ces œuvres, je les ai créées pour mon public, c’est lui qui les a inspirées", a-t-il confié dans une interview accordée à Radio Bulgarie. Cette exposition s’inscrit comme une suite artistique de la série de peintures présentée l’an dernier au même endroit sous le titre "Tourbillon capricieux de traits", qui illustrait de manière abstraite le réseau dans lequel nous vivons. Aujourd’hui, ce tourbillon devient une danse, un ballet de techniques, de couleurs et de nuances qui évoquent la vie d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Les mouvements des figures humaines animent ces 40 panneaux artistiques, empreints de positivité et d’espoir, témoignant de la force vive de l’existence.
"C'est notre présence humaine dans ce réseau que j’ai nommée 'Danse". Ici, je cherche surtout à attirer l’attention sur le dessin et sur l'instant capturé dans le mouvement d'une figure.Comme me l’a confié un collègue : "Roumba, tu as accompli tant de choses à partir de si peu." C’est dans cette simplicité que je trouve le moyen de mettre en relief la ligne et le mouvement.La vérité est que tout ce qui bouge porte en soi un signe de vie. En d’autres termes, là où il y a mouvement, il y a vie. Et, pour ma part, j’aspire à souligner le positif, à me rapprocher de l’amour, de la joie, de la raison. Ces figures évoluent loin des destructions, à contre-courant des horreurs – car la vie est faite de contrastes."
Roumen Statkov est l’un de ces artistes convaincus que c'est l'art, et non la beauté, qui sauvera le monde. Il s’engage corps et âme dans cette quête du "salut". Il y a trois décennies, sous l’impulsion de la journaliste Neri Terzieva et du réalisateur de télévision Hatcho Boyadzhiev, Statkov s’est lancé dans une audacieuse entreprise : "transposer" la musique classique et folklorique bulgare sur la toile, ou plus précisément sur verre. En 1994, il a captivé les spectateurs en peignant en direct lors d’un projet novateur de la Télévision nationale bulgare, où sa créativité fusionnait avec les performances envoûtantes de l’ensemble folklorique "Philippe Koutev" et de Boris Christoff. Ces concerts, alliant harmonie musicale et expression artistique, se sont poursuivis de manière sporadique jusqu’à l’année dernière, lorsque l’intérêt pour cette approche inédite a explosé. En 2024, ils sont même devenus le pilier d’un tout nouveau festival intitulé "Peintres Musiciens".
"J’entends chaque instrument distinctement, et cela m’aide dans mon travail de peintre," confie l’artiste. "Ce que nous réalisons est profondément authentique, spontané, et se déroule sous les yeux du public, en direct. Le nom du festival –"Peintres Musiciens" – qui se tient actuellement au Club militaire central n’est pas choisi au hasard : il symbolise une véritable fusion des arts, avec l’ambition que cette expérience devienne, au fil des ans, une nouvelle manière de représenter le monde."
Le festival se poursuivra jusqu’au 20 novembre, proposant des récitals de musiciens de renom ainsi que de jeunes talents prometteurs, tous engagés à porter la culture bulgare au-delà de ses frontières. Jusqu’à la fin novembre, l’exposition "Danse" sera également accessible au public à la galerie "Nirvana".
Quant à la danse et à son rythme, l’essentiel est qu’il soit présent, souligne Roumen Statkov : "Danser, même dans l’esprit, a du sens, car c’est du mouvement, et le mouvement, c’est la vie."
Version française : Svjetlana Satric
Crédit photos : Vessela Krasteva
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