Le budget, le niveau des dépenses et la politique des recettes ont généré des débats virulents entre dirigeants et opposition. Les syndicalistes de la Confédération du Travail "Podkrépa" sont préoccupés par le fait que " rien n’est clair sur les cotisations obligatoires et les paramètres prévus. La politique des revenus n’est pas claire non plus". Ils estiment que la date annoncée pour déposer le projet de budget 2025 à l’Assemblée nationale, le 14 février, "pourrait générer des tensions et laisse trop peu de temps pour en prendre connaissance et élaborer des avis argumentés, ce qui augmente la probabilité d’erreurs".

Les experts de l’autre grande centrale syndicale, la Confédération des syndicats indépendants de Bulgarie (CSIB), réclament une politique des revenus avec au moins 10% d’augmentation des salaires et un rythme garanti à moyen terme pour la revalorisation des rémunérations et que le budget 2025 soit négocié et adopté en 6 à 7 semaines au plus, parce que fin mars arrive à expiration l’actuelle Loi sur les recettes et les dépenses pour 2024. "Cela entraîne automatiquement une stagnation des politiques de dépenses et nous avons des tensions grandissantes dans plusieurs systèmes", dit le président de la CSIB Plamen Dimitrov :

Les délais sont très courts, mais en fin de compte les politiques sont essentielles. On peut garantir une politique des revenus avec une augmentation d’au moins 10% à effet rétroactif à partir du 1^er janvier. Depuis le début de l’année le SMIC a grimpé de 15% et les salaires dans le privé augmentent de 13à14% tous les ans sur les trois dernières années, alors que dans le public ces augmentations sont entre 8 et 12%. Donc, sans une augmentation des salaires d’au moins 10% le secteur public sera de moins en moins compétitif et il y aura probablement de moins en moins de gens souhaitant y travailler. Et il nous faut des services de qualité dans l’éducation, dans la santé, dans l’assistance sociale.

La CSIB constate 4,2% d’augmentation des prix sur l’année écoulée dans son étude des prix à la consommation de 20 produits de première nécessité.

Un des débats en cours concerne le prix du pain. Après la suppression de la TVA 0 sur le pain, qui avait été instaurée pendant la pandémie, et son retour à 20% à partir du 1^er janvier, les prix du pain ont grimpé en flèche dans la plupart des villes du pays.

L’affirmation que la réduction de la TVA sur un produit ou service donné en réduit le prix est complètement fausse. Les syndicats ont toujours été contre la réduction de la TVA, parce que cela prive le budget de recettes qui pourraient servir à aider des producteurs ou être orientées vers le social, la santé et l’éducation.

La Bulgarie est toujours lanterne rouge de l’UE pour les niveaux des rémunérations. On y observe dans le même temps les prix à la consommation les plus élevés de certains produits de première nécessité. Les Bulgares les plus pauvres continuent de s’appauvrir, et de plus en plus rapidement, signale la CSIB. Selon ses calculs le revenu de vie correct d’une famille de trois personnes (deux parents et un enfant) doit être d’au moins 1350 euros. Cela ne peut pas arriver si les personnes actives dans un ménage ont un revenu proche du SMIC, qui est actuellement de 550 euros. D’autres personnes en situation difficile sont les retraités dont la pension est en moyenne 400 euros.

Tous les prix ont grimpé depuis le début de l’année, témoigne la retraitée de Sofia Anka Stoyanova :

Tout ce que j’ai acheté aujourd’hui au marché est plus cher que l’an dernier. Ma pension de retraite n’est pas des plus élevées, elle est dans la moyenne, et pour l’instant j’arrive à joindre les deux bouts. Il y a sans doute d’autres raisons pour l’état actuel de la Bulgarie, mais je pense que c’est avant tout la faute des politiques. L’important est que les jeunes aillent bien, il faut augmenter leurs revenus. Ils ont des enfants à charge et davantage de dépenses.

L’inflation continue, les prix augmentent, pense Tanya Vassiléva, vendeuse à un des grands marchés de Sofia :

Avec l’argent d’une semaine de ventes je n’arrive pas à me réapprovisionner. Les gens sont certainement soucieux, mais j’espère qu’avec un gouvernement régulier ils seront maintenant plus tranquilles.

Photos: BGNES, BTA, RNB-Vidin

Version française : Christo Popov