A cette époque de numérisation accélérée et de pénétration de l’intelligence artificielle (IA) dans tous les domaines de la vie, les métiers les plus en péril sont ceux des gens qualifiés aux rémunérations élevées. Les emplois les moins menacés sont ceux qui exigent des aptitudes et talents physiques. A l’échelle mondiale cela représente 4-5% des emplois. Ce sujet a été débattu à une conférence à Sofia organisée par la Confédération des syndicats indépendants de Bulgarie (CSIB) sur les changements verts et numériques.

« Il est de mettre la numérisation au service des gens et de la défense de la liberté personnelle des travailleurs », a dit le ministre du Travail et de la Politique sociale Borislav Goutsanov, précisant que 500 millions d’euros sont réunis par le budget de l’État et des fonds européens pour former les travailleurs à des aptitudes numériques dans les années qui viennent :

Pour garantir la sécurité des employeurs et des employés, il faut adapter le cadre législatif. Cela concerne les conditions de travail, la quantification du travail accompli et le contrôle du temps de travail. Il faut garantir que l’homme et ses droits sont au centre de cette transformation numérique. Les relations de travail sont quelque chose de personnel qui ne peut pas être soumis à des algorithmes.

L’arrivée de l’IA modifie rapidement le marché du travail, ce qui rend le rôle des syndicats encore plus important. Il faut garantir leur accès au processus d’intégration et d’utilisation de l’IA dans les entreprises, a déclaré le ministre du Travail.

L’arrivée des algorithmes dans les relations contractuelles est une nouvelle menace pour le travailleur et la CSIB réclame une Directive de la gestion algorithmique sur le lieu de travail.

La sélection, l’évaluation et le contrôle des travailleurs ne peuvent pas et ne doivent pas dépendre des algorithmes de l’IA, indique le président de la CSIB Plamen Dimitrov. Il est inadmissible qu’un algorithme nous évalue, nous récompense ou nous licencie, c’est une nouvelle menace pour les gens. La CSIB insistera pour que les règles d’utilisation de l’IA fassent partie de l’accord collectif comme élément des relations de travail contemporaines. Notre syndicat intégrera les nouvelles technologies dans ses activités et utilisera des plateformes numériques pour organiser des actions syndicales et pour former l’IA à des actions syndicales.

Suite au développement technologique et numérique des changements s’imposent aussi dans le processus éducatif. Le syndicat insiste que les résultats scolaires soient liés aux exigences concrètes du marché du travail. Le ministre de l’Éducation et des Sciences Krassimir Valtchev, qui a également pris part à la conférence, a rappelé qu’il y a 25 ans à peine la réforme de l’éducation exigeait la maîtrise de langues étrangères à la veille de notre adhésion à l’UE. A présent les jeunes Bulgares pratiquent très bien des langues étrangères, mais ce sont maintenant les connaissances en mathématiques et sciences naturelles qui sont prioritaires :

Les pronostics sont qu’à l’avenir les gens ne vont pas juste changer d’emploi, mais changer de métier, ce qui modifie le paradigme des systèmes éducatifs. L’IA est non seulement un multiplicateur d’aptitudes, mais elle va remplacer des métiers et des emplois qui exigent des connaissances spécialisées et mettra en avant ceux qui exigent des aptitudes complexes.

Paradoxalement, plus nous avançons dans l’ère de l’IA, plus les connaissances de base prendront de l’importance, estime Krassimir Valtchev, expliquant : « Par exemple, ce sera l’habileté à communiquer dans la langue natale, pas dans une langue étrangère, qui sera importante. Actuellement, pour utiliser chat GPT on doit formuler correctement les questions, et donc les enfants seront plus adaptés à cette nouvelle ère s’ils ont une base plus large dans le domaine humanitaire. Les développeurs d’IA disent qu’il leur faut non tellement des programmeurs, mais plutôt des gens aux connaissances mathématiques approfondies. Les mathématiques seront importantes pour tout le monde, et elles apprennent la concentration, la pensée logique, elles forment une intelligence abstraite », conclut le ministre de l’Éducation.

Photos: Pixabay, Guergana Mantchéva, BTA

Version française : Christo Popov