La commission aux Affaires étrangères du Parlement européen a adopté par 40 voix pour, 19 contre et 10 abstentions le projet de rapport sur le progrès de la Macédoine du Nord vers son intégration à l’UE.

Toutes les propositions bulgares ont été rejetées, y compris celle d’inscrire le terme de "langue et identité macédonienne contemporaine" au lieu d’ "antique" comme insistait Skopje. Mais au moins cette proposition macédonienne n’a pas non plus été inscrite dans le texte.

Dans un entretien à Radio Bulgarie l’eurodéputé bulgare du groupe des Conservateurs et réformistes européens et du parti national "Il y a un tel peuple" Ivaylo Valtchev ne mâche ses mots :

Ce vote n’a certainement rien d’agréable pour la Bulgarie, car il a rejeté des amendements qui, outre la question de l’identité macédonienne, mentionnaient le passage à tabac de M. Pendikov, la condamnation en justice de M. Gueorguievski ou encore cette loi rétrograde qui interdit rétroactivement aux centres culturels bulgares en Macédoine du Nord de porter des noms de leur choix.

Il s’avère que les propositions bulgares ont été rejetées avec la participation active ou plutôt "le désintérêt" actif du groupe des "Patriotes pour l’Europe" sous la pression de leurs membres hongrois du parti de Viktor Orban :

Et pour couronner le tout, il y a l’échec de l’accord passé entre les divers groupes de faire voter l’utilisation du mot "moderne" (ou "contemporain") en référence à la langue et l’identité de la Macédoine du Nord. L’accord était de faire un amendement oral en session, ce à quoi je me suis opposé dès la semaine dernière, parce que je connais les jeux bureaucratiques et j’ai déclaré que pour nous un amendement oral serait inacceptable. Nos collègues du PPE, des verts, des socialistes et de Renew Europe ont déclaré qu’ils n’empêcheraient pas de tels amendements. Parce qu’aux termes de la procédure de tels amendements oraux peuvent être rejetés par un certain pourcentage des personnes présentes, en l’occurrence par cinq eurodéputés, qui pourraient donc bloquer l’adoption de ce type d’amendement. Aujourd’hui c’est ce qu’on fait les membres des Patriotes pour l’Europe. Nous avons appris que les représentants de ce groupe, surtout les Hongrois, menaient une grande offensive pour faire rejeter les amendements bulgares, et que les eurodéputés hongrois ont reçu des instructions en ce sens du plus haut niveau, c’est-à-dire de leur premier ministre. Ils ont fait le sale boulot pour le rejet des amendements bulgares et se sont ensuite abstenus lors du vote du rapport, résume Ivaylo Valchev en ajoutant :

Ce n’est un secret pour personne que les premiers ministres de la Hongrie et de la Macédoine du Nord (Hristijan Mickoski et Viktor Orban) s’entendent à merveille. D’autre part, on a en Bulgarie plein de gens qui admirent Orban et le présentent comme un ami. J’aimerais m’adresser à ces gens-là et leur dire : eh bien, écrivez-lui, téléphonez-lui, demandez-lui pourquoi les représentants hongrois ont agi de la sorte, dit Ivaylo Valtchev à propos de certains politiques bulgares.

A l’heure actuelle, tous les eurodéputés bulgares ont laissé de côté leurs différends de politique intérieure et sont unis sur la question du rapport sur la Macédoine du Nord, souligne Ivaylo Valtchev. La prochaine étape aura lieu en juillet à la session du Parlement européen à Strasbourg, où le groupe du PPE, soutenu par les socialistes, Renew Europe et les Verts, a l’intention d’introduire à nouveau les propositions bulgares, qui seront également soutenues par les groupes dont sont membres "Il y a un tel peuple" et "Renaissance", respectivement les Conservateurs et réformistes européens et l’Europe des nations souveraines.

Ivan Guergov

Version française et publication : Christo Popov

Photos :EPA/BGNES, BTA, archives, BGNES