A l’approche de l’adhésion de la Bulgarie à la zone euro le 1^er janvier 2026, tout le monde reconnaît que notre pays a les revenus les plus bas de l’UE, mais dans le même temps c’est ici que la hausse des salaires est la plus considérable ces 5-6 dernières années.

A partir du 1^er janvier il y aura une augmentation du SMIC, à 620 euros sur proposition du ministère du Travail, ce qui influera sur les montants de diverses aides sociales. "Il y a aussi une directive de l’UE que le SMIC soit rattaché au salaire moyen à laquelle la Bulgarie doit se conformer et c’est une façon pour l’État de tenter d’encourager la hausse des revenus", dit le chef d’une des plus grandes sociétés de ressources humaines de Bulgarie et d’Europe de l’Est, Gueorgui Parvanov :

De telles hausses commencent à inquiéter les investisseurs en Bulgarie dont le nombre accuse une baisse, surtout dans des secteurs qui demandent une main-d’œuvre importante et où une augmentation des rémunérations pourrait entraîner une baisse de compétitivité, comme la production de câbles, l’industrie automobile ou le textile. Je pense que nous avons atteint le seuil qui rend la délocalisation attractive et cela peut causer une réduction des investissements. Il est important que la productivité du travail aille de pair avec la hausse des rémunérations.

"Le ratio SMIC/PIB par habitant en Bulgarie est le plus élevé de l’UE et cela ne date pas d’hier", note l’économiste Vassil Vélev, président du conseil d’administration de l’Association du capital industriel de Bulgarie. Il ajoute qu’au cours des trois dernières années le SMIC a grimpé de 55% pour une hausse du PIB de 10% et une croissance de la productivité d’à peine 5% :

Notre SMIC a largement dépassé la croissance de l’économie et il faudrait donc supprimer cette formule de revalorisation automatique du Code du travail. Le SMIC ne devrait pas être quelque chose à quoi on aspire, il ne devrait être touché que par 5-6% des travailleurs, uniquement ceux qui n’ont aucune qualification, aucune expérience.

Selon les données de Pôle Emploi on observe actuellement une baisse sensible des offres d’emploi qui sont descendues en dessous de 10 000, ce qui est très peu pour le marché bulgare, note Gueorgui Parvanov. "Dans le même temps, il y a un grand nombre de personnes qui disent chercher du travail dans les réseaux sociaux, avec une augmentation du nombre de ceux qui reviennent de l’étranger", indique-t-il en élaborant :

Le tableau est contrasté, on cherche surtout des travailleurs peu qualifiés, des opérateurs de machines et toutes sortes de métiers techniques, ainsi que du personnel médical. A l’opposé nous avons les métiers à forte qualification où la demande est très faible : directeurs exécutifs, directeurs de production, gestionnaires en finances et marketing, alors que les candidats à de tels postes sont légion. On se dirige vers un marché du travail très dynamique où les gens de divers groupes d’âge devront constamment se recycler, apprendre de nouveaux métiers et littéralement faire des études pendant toute leur vie. Ma recommandation à ceux qui arrivent maintenant sur le marché du travail est de s’orienter vers des métiers qui ne seront pas remplacés par l’intelligence artificielle dans les années qui viennent : métiers liés au contact avec les gens, à la médecine, l’agriculture, à des activités non routinières. Et la maîtrise de l’anglais n’est plus juste un avantage compétitif, mais une condition sine qua non sur le marché du travail.

La plus forte demande est actuellement dans l’agriculture, le bâtiment, l’hôtellerie. La bonne nouvelle est qu’on assiste à une augmentation considérable du nombre de Bulgares revenant de l’étranger qui sont à présent des dizaines de milliers, note Gueorgui Parvanov, ajoutant :

Rien que dans notre société on reçoit une trentaine de demandes de travail par jour de Bulgares revenant d’autres pays. Par ailleurs l’Agence de l’Emploi a annoncé que l’an dernier plus de 10 000 citoyens bulgares de plus de 65 ans ont cherché du travail à plein temps. C’est un nombre élevé pour la Bulgarie et il ne fera qu’augmenter. Des gens âgés de plus de 55 ans s’inscrivent à des études supérieures dans des universités et lancent leur propre entreprise à 60 ou 70 ans. Ce changement se produit non seulement en Bulgarie, mais dans le monde entier avec un boom de nouvelles startups lancées par des gens âgés de plus de 50 ans.

Guergana Mantchéva

Version française et publication : Christo Popov