Le Mont Athos, appelé encore la "Montagne Sainte", est situé sur l'Aktè, l'une des trois presqu'îles et la plus orientale de la péninsule chalcidique en Grèce, près de Thessalonique. Il abrite un ancien grand centre monastique. Ouranopolis (la "ville du ciel") est le dernier point habité par les hommes avant le territoire des moines. C'est d'ici que partent les bateaux pour la "Montagne Sainte" où l’on n’accède que par la mer. La vue est imprenable… Par son isolement, cet endroit est propice à la vie spirituelle et à la méditation et vaut la peine d’être visité au moins une fois dans la vie par chaque orthodoxe homme. Rappelons que l'entrée est strictement interdite aux femmes.

C'est en 963 que le moine byzantin Athanase l'Athonite fond le monastère de la Grande Laure, le plus ancien et le plus grand des vingt monastères orthodoxes de la République monastique du Mont Athos. Parmi ces vingt cloîtres, la Bulgarie a aussi son représentant - le Monastère de Zographou. Selon la légende, ce dernier est fondé en 919 par trois frères d'Ohrid : Moïse, Aron et Jean. Le document le plus ancien témoignant de son existence date de l'an 980. Ne sachant pas quel saint choisir pour patron, les moines décident de s'en remettre à la volonté divine. Ils enferment dans l'église une plaque de bois et prient pour que le Seigneur leur révèle le nom du protecteur. Le lendemain matin, à leur grand étonnement, ils découvrent peinte sur le bois l'image de Saint Georges auquel ils consacrent alors le monastère sous le nom de Saint Georges Zographos, c'est-à-dire le peintre. D’où sa fête est célébrée le 6 mai, à la Saint-George, quand nombre de pèlerins viennent de toute la Bulgarie.

Au Moyen Âge, le monastère de Zographou est un centre religieux et littéraire significatif, favorisé par d’importantes donations des rois bulgares. C'est ici que vient le moine Païsi pour écrire en 1762 sa remarquable Histoire slavo-bulgare voulant encourager ses compatriotes à lutter pour leur libération spirituelle et politique. Son original est conservé dans la bibliothèque du monastère qui garde également nombre d’autres manuscrits anciens et très précieux.

Au début du 20e siècle, le monastère bulgare, avec l'or qu'il possédait, aide le gouvernement d'Alexandre Stamboliyski pour payer les réparations imposées à la Bulgarie après la Première Guerre mondiale.

Le cloître bulgare est enfoui sous les cyprès. Pour y arriver, il faut partir du quai du monastère pour environ une heure de montée à pied dans la montagne. Et tout au long du chemin on peut respirer à pleins poumons le parfum de jasmin. Ici la vie monastique est simple. Les moines bulgares sont une trentaine. Ils produisent eux-mêmes sur place du pain, des olives, d'huile d'olive, de la rakia et du vin. Dans le réfectoire monastique on sert le repas après chaque office religieux. La nourriture aussi est simple - soupe de poisson, pois chiches, morceau de fromage et du pain. Et ceux qui veulent, peuvent goûter du vin production locale. Le soir, le ciel étoilé au-dessus du monastère vous donne une sensation particulière.

Actuellement le monastère Saint Georges Zographos fait peau neuve. Depuis quelques années les travaux de rénovation ne cessent pas pour que le monastère retrouve son ancienne splendeur. On y a déjà construit une nouvelle aile pour accueillir les pèlerins et les touristes qui sont de plus en plus nombreux. Car cet endroit est un refuge de la spiritualité bulgare. Après quelques heures ou jours passés ici, on part allégé, en emportant avec soi un peu de la douce tranquillité de cet autre monde impressionnant, humble et sans mesquinerie.

Photos: Yoan Kolev